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LES DÉTECTIVES SAUVAGES
Roman : Roberto Bolaño  
 Adaptation & M.e.s : Matthieu Dessertine
Avec : Anthony Boullonnois, Léon Cunha Da Costa, Florent Hu,
Marion Lambert, Marion Noone, Alix Riemer 

Les Détectives sauvages retrace la vie des poètes avant-gardistes mexicains. Juan Garcia Madero, jeune étudiant en droit, voit son quotidien bouleversé par la rencontre des mystérieux Arturo Belano et Ulises Lima. Après avoir déambulé dans les plus sombres lieux de Mexico, ils partiront ensemble, accompagnés de Lupe, une jeune prostituée, à la recherche d’une poètesse : Césarea Tinajero. Ce roman polyphonique, joyeux et déroutant, célèbre la jeunesse et la littérature. Sommes-nous fidèles aux utopies de nos plus jeunes années ? Sommes-nous capables, comme nous propose Arthur Rimbaud, de changer la vie ?

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Mon intention de proposer Les Détectives Sauvages au théâtre résulte de deux désirs : me confronter une nouvelle fois à un travail d’adaptation et poursuivre mes recherches sur la jeunesse et ses errements. Après plusieurs créations ayant ces questions pour thèmes, j’ai retrouvé dans ce roman de nombreuses thématiques qui me sont chères : recherches d’identités, de sexualités, rapports de dépendances, voyages sous diverses formes : fuite, errance, poursuite, quête… J’y ai vu également une structure propice à bouleverser certaines conventions théâtrales : rapport au public, enjeux, dramaturgie, espaces de représentation. 

Dans la dernière partie du roman, la pensée d’une vieille dame dont on ne connait pas le nom, est résumée ainsi : Pour les Papagos (une tribu indienne du Mexique), plus ou moins de temps est presque équivalent à plus ou moins d’éternité. Cette formule m’est apparue comme une des clés possibles pour ouvrir ce roman mystérieux. Cette clé, la voici : plus j’en attrape le sens et plus il semble s’éloigner. Ce roman que Roberto Bolaño qualifie lui même de « jeu », propose au lecteur autant d’énigmes que de lectures, autant de voix que d’interprétations. 

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Matthieu Dessertine

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RECHERCHE DE PARTENAIRES

Pancho Rodriguez : 

La poésie mexicaine est pourrie. Pourrie dans l’oeuf. On est là pour donner un coup de pied dedans. Parce qu’entre l’empire d’Octavio Paz et celui de Neruda, c’est à dire entre l’épée et le mur, c’est vraiment intenable. C’est ça le problème avec les sociétés vieillissantes, avec les monstres sacrés, les idoles, ceux qu’on a porté au pinacle, comment tu fais pour exister à part en les foutant au caniveau ? T’as pas vraiment d’autres choix, et la vérité c’est que c’est pas prétentieux, c’est vital de faire ça, on est pas les premiers à pousser, ils ont fait pareil et maintenant qu’ils sont vieux, tout oublié, ils s’en souviennent plus, ils veulent garder leur place, c’est devenus des putains de conservateurs accrochés à leurs chaises comme des moules, ils sont habitués aux honneurs, c’est l’éternel recommencement, faut pas se faire d’illusions, nous, si dans trente ans on est encore poètes, si nos revues deviennent des reliques et nos poèmes des « bouts de l’histoire du Mexique pour les anthologies », on sera pareils, on vivra dans nos tours d’ivoire, les gens nous lècheront le cul depuis tellement longtemps qu’on supportera aucune critiques, on les comprendra pas, tu vois ce que je veux dire ? On pourra pas les envisager, on dira que c’était mieux avant, que la poésie est morte et que les jeunes sont des petits cons sans causes et sans respect, c’est ça qu’il se dit ce connard d’Octavio Paz le soir quand il boit son whisky avec son gros cigare cette espèce de salope embourgeoisée, il croit qu’après lui le monde va s’écrouler, il pense plus au futur, il pense à sa postérité, c’est pas pareil, ce connard est certain que le futur ça sera de comprendre sa poésie, qu’on pourra de toute façon jamais rien faire de mieux, mais ce qu’il peut pas comprendre, c’est qu’on veut pas faire mieux, on veut se débarrasser de lui, on veut un nouveau monde et on a pas le choix. Bref tout ce qu’on fait avec Ulises depuis le début c’est tout faire péter, c’est ça le réal-viscéralisme, avant tout c’est un mouvement de destruction vitale, en fait on avance en brisant des ponts, parce qu’il faut repartir de rien, du silence et se débrouiller pour libérer sa pensée.

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EXTRAIT DE TEXTE - PAR MATTHIEU DESSERTINE

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